Qui a peur de PowerPoint ?

Posted on 27 mai 201421 décembre 2016Categories Blog, Interprétation, TraductionTags

[Lire l’article original en néerlandais – Lire la traduction anglaise]

Cette introduction ressemble au début  d’un illustre conte de fées qui raconte l’histoire de porcelets et à vrai dire, c’est plus ou moins le cas. Souvent, les traducteurs ont affaire à des documents Word, mais de temps en temps des textes en format plus difficile se retrouvent sur leur bureau.  PowerPoint en est l’exemple par excellence, car les traducteurs doivent chipoter coup après coup pour arranger la mise en page de leur traduction. Le problème est d’autant plus important que PowerPoint est dénaturé. Je m’explique. PowerPoint est un support de soutien pendant les présentations. Une diapositive ne peut donc pas contenir trop de texte, sinon, le public lit tout simplement ce qui se trouve à l’écran, tandis que l’orateur s’emberlificote. Malheureusement, force est de constater que plus d’un orateur se cache consciemment derrière sa présentation et utilise PowerPoint pour écrire un manuel entier afin d’attirer l’attention du public sur la présentation et non pas sur lui-même. Côté traduction: si la diapositive est déjà remplie de fond en comble de texte et que vous traduisez par exemple du néerlandais vers le français, la diapositive se remplit automatiquement de plus de texte encore vu que le français a besoin de plus de mots que le néerlandais. Bonjour la remise en page. On peut rapetisser la fonte. Chercher des formulations plus concises. Nous avons tous déjà fait face à ce genre de problèmes.

La traduction de fichiers PowerPoint : méthode simplifiée

Peut-être devons-nous simplement changer d’approche pour ces présentations. Nous ne devons pas en vouloir aux traducteurs de ne pas y penser, car d’habitude, ils ne sont pas invités à la présentation même et en ignorent donc les circonstances. Les interprètes en revanche, pour qui les réunions et donc les présentations PowerPoint se succèdent, ont voix au chapitre. La solution est assez simple en fait, mais elle requiert une bonne dose de courage. Vu que PowerPoint a été conçu pour soutenir l’orateur, vous pouvez en être sûr que chaque diapositive sera clarifiée en long et en large. Du moins, c’en est le but. Les conséquences pour le traducteur ? Cela veut dire que vous pouvez formuler de manière plus concise, employer des ellipses ou des abréviations et dans le pire des cas omettre des choses pour lesquelles il ne reste plus de place. Comme mentionné ci-dessus, il vous faudra du courage, car cela est contraire à la nature du traducteur, qui a tendance à vouloir inclure à tout prix chaque nuance dans sa traduction. En effet, cela vaut pour les textes qui sont destinés à un public cible qui ne recevra pas de plus amples explications. Par contre, une présentation PowerPoint est assortie des explications de l’orateur. Donc pourquoi se soucier de chaque détail?

Changer la structure

Une autre solution, sous réserve, est en fait tout aussi simple. Que faire d’un texte continu dont les phrases sont très longues et complexes, ou presque illisibles ? Exact, vous scindez les phrases. Pourquoi ne pas faire la même chose avec les diapositives d’une présentation PowerPoint ? Insérer une nouvelle diapositive peut rendre la présentation tellement plus légère à digérer. À appliquer sous réserve, comme je viens de dire. Pourquoi ? Imaginez-vous que vous traduisez une présentation de l’anglais vers le français et que l’orateur de la présentation est anglophone. L’orateur doit savoir où se trouvent les différences structurelles dans la version française, car il est probable que cet orateur utilise la version anglaise et non pas la traduction française afin de pouvoir suivre  son propre récit. Au cas où il y aurait des différences avec la version projetée en français, vous risquez de le perturber. Un bon briefing s’impose donc. Il faut également tenir compte du fait que dans certaines réunions, les présentations sont projetées simultanément en deux langues. Une aubaine pour les interprètes, certes, mais un véritable cauchemar pour les clients qui pensent tout d’un coup que du texte manque ou qu’autre chose a mal tourné. Un bon briefing est également nécessaire dans ce cas-ci. N’oubliez pas que vous pouvez demander l’autorisation du client de changer le texte original pour assurer la concordance entre les deux textes. Le monde à l’envers peut-être, mais selon moi, cela vaut la peine de le demander.

La traduction de présentations PowerPoint demeurera une tâche ardue, surtout à cause du manque de contexte et des nombreuses images dont vous ne pouvez pas adapter le texte. Les traducteurs peuvent toutefois se faciliter la vie en réfléchissant davantage à l’usage du produit qu’ils préparent. Leur traduction ne doit pas nécessairement être « une traduction ». Cela évitera des soucis au client et des ulcères au traducteur.

Faut-il redorer le blason des traducteurs et des interprètes ?

Posted on 8 avril 201416 mars 2018Categories Blog, Commercial, Interprétation, TraductionTags , ,

Il y a quelques mois, Tom Van Cleempoel, Mick de Meyer et moi-même, en tant que fondateurs de GentVertaalt, étions réunis chez de Taalsector (vous savez bien, l’organisateur des Language Industry Awards) pour une interview. Un des sujets abordés était l’image du traducteur et de l’interprète lambda. Mandela venait tout juste d’être enterré.  De plus, au journal l’on parlait des tribunaux qui ont parfois recours au public pour l’interprétation. Le traducteur-interprète a une mauvaise image : grand temps donc d’en redorer le blason.

Réputation

Les traducteurs et interprètes n’ont pas toujours bonne réputation. Certains nous considèrent comme un mal nécessaire ou comme dernier recours quand le client n’a plus le temps de traduire soi-même. Certains traducteurs et interprètes sont bien évidemment eux-mêmes responsables de cette situation pénible. Mais bien souvent le client est en tort, car il souhaite tout simplement « une traduction » ou « un interprète » sans trop se soucier des détails. Naturellement, une traduction peut perdre sa pertinence sans contexte, étant donné que chaque traduction est différente. De même, certaines missions d’interprétation tombent à l’eau parce qu’un interprète n’a pas obtenu assez d’informations du client et est donc mal préparé.

Constats

Bien, outre toutes ces situations intolérables sur le marché qui alimentent cette perception négative, nous sommes obligés d’établir un autre constat. Si un traducteur ou un interprète fait bien son travail, il est discret. Lorsque son travail est de qualité douteuse, il se fait remarquer. Si tout va bien, personne ne pense à lui, alors que si les choses tournent mal, on parle de lui dans les médias. Souvenez-vous de la crise en Géorgie d’il y a quelques années. Le président français de l’époque avait négocié un accord entre les parties belligérantes, qui a quasiment capoté par une erreur de traduction. Et en effet, cette nouvelle a fait la une. Mais quand des lois sont adoptées au Parlement parce que les interprètes ont livré un bon travail, seuls les parlementaires ramassent les fleurs et les interprètes ne sont même pas mentionnés. Nous ne devons pas constamment nous trouver sous le feu des projecteurs, mais n’oublions pas que nous avons réellement contribué à l’adoption de cette loi.

Le traducteur en tant que mécanicien ?

Faites la comparaison avec le métier du mécanicien. Le mécanicien résout constamment des cas problématiques et a – bien sûr –  l’impression que sa marque est de qualité lamentable. Il oublie les milliers de voitures qui circulent sans problèmes, car elles ne passent pas par son garage. Les traducteurs et interprètes sont logés à la même enseigne. Chaque fois que l’on parle de nous dans les nouvelles, c’est parce qu’un traducteur ou interprète a causé des problèmes. Comment nous faire confiance quand on est uniquement confronté aux cas problématiques ?

Rien n’est moins vrai

Je traduis et interprète presque quotidiennement sans causer d’incidents. Je facilite des réunions plurilingues grâce auxquelles des personnes qui ne parlent pas la même langue peuvent tout de même signer des accords. Tout peut donc se dérouler sans aucun problème. Il faut tout simplement savoir à qui il faut faire confiance et être certain que le client contribue à de bonnes conditions de travail, par exemple en envoyant assez d’information à l’avance. Nous n’avons pas besoin de grand-chose pour bien faire notre travail. Donnez-nous un coup de pouce ; nous avons tellement à vous offrir.

Le crowdsourcing mènera-t-il à l’extinction du traducteur ?

Posted on 17 janvier 201221 décembre 2016Categories TraductionTags ,

[Lisez l’article original en néerlandais]

Il y a quelques temps, Knack, un magazine de qualité flamand, a publié un article intéressant à propos de toutes sortes de sombres prédictions.  La plus connue est celle des Mayas qui prédisaient la fin du monde pour fin 2012.  Ce n’est pas demain que le ciel nous tombera sur la tête, mais alors que dans le secteur de la traduction presque tout le monde  est convaincu que la traduction automatique ne présente pas une grande menace pour le traducteur humain dans les prochaines années, un nouveau phénomène qui peut s’avérer malicieux fait son apparition. Un phénomène qui fait froid dans le dos, c’est-à-dire le crowdsourcing. Mais qu’est-ce au juste ? Le crowdsourcing vous permet d’engager la crowd, donc la grande masse, pour effectuer votre sourcing, donc tous vos approvisionnements. Le crowdsourcing de traductions implique que vous demandez aux internautes qui utilisent vos applications de traduire et de réviser vos applications et pages web. Adieu monsieur le traducteur isolé qui traduit pour gagner son pain. À présent  un traducteur se cache dans chacun de nous.  À condition que nous soyons assez cool bien sûr, car pour participer au crowdsourcing vous devez pleinement utiliser le web 2.0. Les sites tels que Facebook démontrent que le résultat est là. Alors, ce crowdsourcing : bénédiction ou malédiction ?