Décalage lors de présentations PowerPoint

Posted on 15 octobre 201421 décembre 2016Categories Blog, Communication, InterprétationTags , , ,

[Lees hier de originele Nederlandse tekst]

Il y a quelque temps, je me référais sur ce blog à une petite vidéo de Hugh Laurie, dans laquelle il s’amuse à interpréter (de manière quasi consécutive) les propos d’une actrice, produisant ainsi inconsciemment un bel exemple d’un décalage variable. Le décalage est le délai de retard que l’interprète a par rapport à l’orateur. Ce retard est variable et dépend entre autres de la rapidité avec laquelle l’orateur parle, du degré de difficulté du texte et de l’aptitude mentale de l’interprète au moment de l’interprétation.

En principe, un orateur doit très peu tenir compte de ses interprètes, hormis lors de certains moments cruciaux de son allocution. Les fidèles lecteurs de mon blog savent ce que je pense des présentations PowerPoint, mais même si elles ont l’art de m’irriter, ces présentations demeurent incontournables. Une chose est sûre :  lorsqu’un orateur passe trop rapidement d’une diapo à l’autre, le public, qui a besoin d’interprétation, manque une partie du message. Un de ces moments cruciaux, en conséquence, où il faut tenir compte de vos interprètes. À qui la faute ? Vous l’avez deviné : au décalage.

Il n’est pas rare que les conférenciers aient tendance, particulièrement en commentant  des graphiques et des tableaux, de se référer pour ainsi dire physiquement à leurs diapos. « Ici à droite », « au bas du graphique », commentent-ils alors. En soi, cela ne pose pas de problème. Sauf quand des interprètes sont impliqués. N’oubliez pas qu’un interprète a toujours un peu de retard par rapport à son orateur. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Un orateur finit de commenter sa diapo et passe directement à la suivante. Cet orateur doit réaliser qu’à ce moment, à cause du décalage, l’interprète parle encore de la diapo précédente. Si l’orateur termine de commenter une diapo en disant que « la courbe bleue à droite atteint brusquement des sommets », cela arrivera aux oreilles du public alors que celui-ci regarde déjà la diapo suivante. Une façon de communiquer qui n’est pas des plus élégantes. Parfois les interprètes peuvent y remédier et anticiper afin d’être en phase avec l’orateur, mais cela ne réussit pas toujours. Ce qui marche toujours en revanche, c’est quand l’orateur attend quelques secondes avant de passer à la diapo suivante.

Un bref moment d’arrêt à point nommé ne ruine pas le rythme de votre présentation. Au contraire : vos explications sont ventilées, le public peut respirer et assimiler vos derniers mots. Quelques secondes suffisent aux interprètes pour terminer soigneusement leur traduction et donnent à l’orateur le loisir de se concentrer avant de poursuivre. Que des avantages, en somme. Tout cela au bénéfice du public : n’est-ce pas ce qui importe ?

Qui a peur de PowerPoint ?

Posted on 27 mai 201421 décembre 2016Categories Blog, Interprétation, TraductionTags

[Lire l’article original en néerlandais – Lire la traduction anglaise]

Cette introduction ressemble au début  d’un illustre conte de fées qui raconte l’histoire de porcelets et à vrai dire, c’est plus ou moins le cas. Souvent, les traducteurs ont affaire à des documents Word, mais de temps en temps des textes en format plus difficile se retrouvent sur leur bureau.  PowerPoint en est l’exemple par excellence, car les traducteurs doivent chipoter coup après coup pour arranger la mise en page de leur traduction. Le problème est d’autant plus important que PowerPoint est dénaturé. Je m’explique. PowerPoint est un support de soutien pendant les présentations. Une diapositive ne peut donc pas contenir trop de texte, sinon, le public lit tout simplement ce qui se trouve à l’écran, tandis que l’orateur s’emberlificote. Malheureusement, force est de constater que plus d’un orateur se cache consciemment derrière sa présentation et utilise PowerPoint pour écrire un manuel entier afin d’attirer l’attention du public sur la présentation et non pas sur lui-même. Côté traduction: si la diapositive est déjà remplie de fond en comble de texte et que vous traduisez par exemple du néerlandais vers le français, la diapositive se remplit automatiquement de plus de texte encore vu que le français a besoin de plus de mots que le néerlandais. Bonjour la remise en page. On peut rapetisser la fonte. Chercher des formulations plus concises. Nous avons tous déjà fait face à ce genre de problèmes.

La traduction de fichiers PowerPoint : méthode simplifiée

Peut-être devons-nous simplement changer d’approche pour ces présentations. Nous ne devons pas en vouloir aux traducteurs de ne pas y penser, car d’habitude, ils ne sont pas invités à la présentation même et en ignorent donc les circonstances. Les interprètes en revanche, pour qui les réunions et donc les présentations PowerPoint se succèdent, ont voix au chapitre. La solution est assez simple en fait, mais elle requiert une bonne dose de courage. Vu que PowerPoint a été conçu pour soutenir l’orateur, vous pouvez en être sûr que chaque diapositive sera clarifiée en long et en large. Du moins, c’en est le but. Les conséquences pour le traducteur ? Cela veut dire que vous pouvez formuler de manière plus concise, employer des ellipses ou des abréviations et dans le pire des cas omettre des choses pour lesquelles il ne reste plus de place. Comme mentionné ci-dessus, il vous faudra du courage, car cela est contraire à la nature du traducteur, qui a tendance à vouloir inclure à tout prix chaque nuance dans sa traduction. En effet, cela vaut pour les textes qui sont destinés à un public cible qui ne recevra pas de plus amples explications. Par contre, une présentation PowerPoint est assortie des explications de l’orateur. Donc pourquoi se soucier de chaque détail?

Changer la structure

Une autre solution, sous réserve, est en fait tout aussi simple. Que faire d’un texte continu dont les phrases sont très longues et complexes, ou presque illisibles ? Exact, vous scindez les phrases. Pourquoi ne pas faire la même chose avec les diapositives d’une présentation PowerPoint ? Insérer une nouvelle diapositive peut rendre la présentation tellement plus légère à digérer. À appliquer sous réserve, comme je viens de dire. Pourquoi ? Imaginez-vous que vous traduisez une présentation de l’anglais vers le français et que l’orateur de la présentation est anglophone. L’orateur doit savoir où se trouvent les différences structurelles dans la version française, car il est probable que cet orateur utilise la version anglaise et non pas la traduction française afin de pouvoir suivre  son propre récit. Au cas où il y aurait des différences avec la version projetée en français, vous risquez de le perturber. Un bon briefing s’impose donc. Il faut également tenir compte du fait que dans certaines réunions, les présentations sont projetées simultanément en deux langues. Une aubaine pour les interprètes, certes, mais un véritable cauchemar pour les clients qui pensent tout d’un coup que du texte manque ou qu’autre chose a mal tourné. Un bon briefing est également nécessaire dans ce cas-ci. N’oubliez pas que vous pouvez demander l’autorisation du client de changer le texte original pour assurer la concordance entre les deux textes. Le monde à l’envers peut-être, mais selon moi, cela vaut la peine de le demander.

La traduction de présentations PowerPoint demeurera une tâche ardue, surtout à cause du manque de contexte et des nombreuses images dont vous ne pouvez pas adapter le texte. Les traducteurs peuvent toutefois se faciliter la vie en réfléchissant davantage à l’usage du produit qu’ils préparent. Leur traduction ne doit pas nécessairement être « une traduction ». Cela évitera des soucis au client et des ulcères au traducteur.