Faut-il redorer le blason des traducteurs et des interprètes ?

Il y a quelques mois, Tom Van Cleempoel, Mick de Meyer et moi-même, en tant que fondateurs de GentVertaalt, étions réunis chez de Taalsector (vous savez bien, l’organisateur des Language Industry Awards) pour une interview. Un des sujets abordés était l’image du traducteur et de l’interprète lambda. Mandela venait tout juste d’être enterré.  De plus, au journal l’on parlait des tribunaux qui ont parfois recours au public pour l’interprétation. Le traducteur-interprète a une mauvaise image : grand temps donc d’en redorer le blason.

Réputation

Les traducteurs et interprètes n’ont pas toujours bonne réputation. Certains nous considèrent comme un mal nécessaire ou comme dernier recours quand le client n’a plus le temps de traduire soi-même. Certains traducteurs et interprètes sont bien évidemment eux-mêmes responsables de cette situation pénible. Mais bien souvent le client est en tort, car il souhaite tout simplement « une traduction » ou « un interprète » sans trop se soucier des détails. Naturellement, une traduction peut perdre sa pertinence sans contexte, étant donné que chaque traduction est différente. De même, certaines missions d’interprétation tombent à l’eau parce qu’un interprète n’a pas obtenu assez d’informations du client et est donc mal préparé.

Constats

Bien, outre toutes ces situations intolérables sur le marché qui alimentent cette perception négative, nous sommes obligés d’établir un autre constat. Si un traducteur ou un interprète fait bien son travail, il est discret. Lorsque son travail est de qualité douteuse, il se fait remarquer. Si tout va bien, personne ne pense à lui, alors que si les choses tournent mal, on parle de lui dans les médias. Souvenez-vous de la crise en Géorgie d’il y a quelques années. Le président français de l’époque avait négocié un accord entre les parties belligérantes, qui a quasiment capoté par une erreur de traduction. Et en effet, cette nouvelle a fait la une. Mais quand des lois sont adoptées au Parlement parce que les interprètes ont livré un bon travail, seuls les parlementaires ramassent les fleurs et les interprètes ne sont même pas mentionnés. Nous ne devons pas constamment nous trouver sous le feu des projecteurs, mais n’oublions pas que nous avons réellement contribué à l’adoption de cette loi.

Le traducteur en tant que mécanicien ?

Faites la comparaison avec le métier du mécanicien. Le mécanicien résout constamment des cas problématiques et a – bien sûr –  l’impression que sa marque est de qualité lamentable. Il oublie les milliers de voitures qui circulent sans problèmes, car elles ne passent pas par son garage. Les traducteurs et interprètes sont logés à la même enseigne. Chaque fois que l’on parle de nous dans les nouvelles, c’est parce qu’un traducteur ou interprète a causé des problèmes. Comment nous faire confiance quand on est uniquement confronté aux cas problématiques ?

Rien n’est moins vrai

Je traduis et interprète presque quotidiennement sans causer d’incidents. Je facilite des réunions plurilingues grâce auxquelles des personnes qui ne parlent pas la même langue peuvent tout de même signer des accords. Tout peut donc se dérouler sans aucun problème. Il faut tout simplement savoir à qui il faut faire confiance et être certain que le client contribue à de bonnes conditions de travail, par exemple en envoyant assez d’information à l’avance. Nous n’avons pas besoin de grand-chose pour bien faire notre travail. Donnez-nous un coup de pouce ; nous avons tellement à vous offrir.

Sébastien Devogele

Author: Sébastien Devogele

Sébastien Devogele is een conferentietolk. Via deze blog houdt hij jullie graag op de hoogte.